Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Oleg Bodrov : Je suis Oleg Bodrov, physicien, écologiste et président du Conseil public de la rive sud du golfe de Finlande, à Saint-Pétersbourg. La protection de l’environnement, la sécurité nucléaire et la promotion de la paix ont été les principales orientations de mon travail au cours des 40 dernières années. Aujourd’hui, j’ai le sentiment de faire partie de l’Ukraine : ma femme est à moitié ukrainienne, son père est de Mariupol. Mes amis et collègues sont des écologistes de Kiev, Kharkiv, Dnipro, Konotop, Lviv. Je pratique l’escalade, lors des ascensions j’étais relié par une corde de sécurité avec Anna P. de Kharkov. Mon père, qui a participé à la Seconde Guerre mondiale, a été blessé en janvier 1945 et a été soigné dans un hôpital de Dniepropetrovsk.

Yurii Sheliazhenko : Je m’appelle Yurii Sheliazhenko, je suis un chercheur, éducateur et militant pour la paix originaire d’Ukraine. Mes domaines d’expertise sont la gestion des conflits, la théorie juridique et politique et l’histoire. En outre, je suis secrétaire exécutif du Mouvement pacifiste ukrainien et membre du conseil d’administration du Bureau européen pour l’objection de conscience (EBCO) ainsi que de World BEYOND War (WBW).

Pouvez-vous décrire comment vous voyez la situation actuelle ?

Oleg Bodrov: La décision de l’opération militaire contre l’Ukraine a été prise par le Président de la Russie. Dans le même temps, les citoyens russes, à en juger par les informations des médias indépendants, pensaient que la guerre avec l’Ukraine était par principe impossible !

Pourquoi cela s’est-il produit ? Au cours des huit dernières années, la propagande anti-ukrainienne a été diffusée quotidiennement sur toutes les chaînes publiques de la télévision russe. On y parlait de la faiblesse et de l’impopularité des présidents ukrainiens, des nationalistes qui bloquent le rapprochement avec la Russie, du souhait de l’Ukraine de rejoindre l’UE et l’OTAN. L’Ukraine est considérée par le président de la Russie comme un territoire faisant historiquement partie de l’Empire russe. L’invasion de l’Ukraine, en plus de la mort de milliers de personnes, a augmenté les risques de dégradation au niveau mondial. Des opérations militaires sont menées sur le territoire où se trouvent des centrales nucléaires. L’impact accidentel d’obus sur des centrales nucléaires est plus dangereux que l’utilisation d’armes atomiques.

Yurii Sheliazhenko: L’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie s’inscrit dans une longue histoire de relations et d’hostilités entre les deux nations, ainsi que dans le conflit mondial de longue date entre l’Ouest et l’Est. Pour le comprendre pleinement, nous devons nous souvenir du colonialisme, de l’impérialisme, de la guerre froide, de l’hégémonie “néolibérale” et de la montée des hégémonismes que l’on nomme illibéraux.

En parlant de la Russie face à l’Ukraine, la chose cruciale à comprendre dans cette lutte obscène entre une puissance impérialiste archaïque et un régime nationaliste archaïque est le caractère dépassé des deux cultures politiques et militaristes : les deux pays ont la conscription et un modèle de formation patriotique militaire au lieu de l’éducation civique. C’est pourquoi les fauteurs de guerre des deux camps se traitent mutuellement de nazis. Mentalement, ils vivent encore dans le monde de la “Grande guerre patriotique” de l’URSS ou du “mouvement de libération de l’Ukraine” et croient que les gens doivent s’unir autour de leur commandant suprême pour écraser leur ennemi existentiel, ces hitlériens ou ce qui ne vaut pas mieux, ces staliniens, dans le rôle desquels ils voient étonnamment un peuple voisin.

Y a-t-il des particularités dans ce conflit dont le public occidental n’est pas ou peu informé ?

Yurii Sheliazhenko: Oui, certainement. La diaspora ukrainienne en Amérique a considérablement augmenté après les deux guerres mondiales. Pendant la guerre froide, les services de renseignement américains et occidentaux ont recruté des agents dans cette diaspora afin d’utiliser les sentiments nationalistes pour inciter au séparatisme en URSS, et certains Ukrainiens de souche sont devenus riches ou ont fait carrière dans la politique et l’armée américaines et canadiennes, de sorte qu’un puissant lobby ukrainien a émergé avec des liens avec l’Ukraine et des ambitions interventionnistes. Lorsque l’URSS est tombée et que l’Ukraine a obtenu son indépendance, la diaspora occidentale a participé activement à la construction de la nation.

Existe-t-il des activités contre la guerre en Russie et si oui, à quoi ressemblent-elles ?

Oleg Bodrov: Des actions anti-guerre ont eu lieu à Saint-Pétersbourg, Moscou et dans des dizaines de grandes villes russes. Plusieurs milliers de personnes sont simplement descendues dans la rue pour exprimer leur désaccord. La catégorie la plus populaire de participants est celle des jeunes. Plus de 7 500 étudiants, membres du personnel et diplômés de la plus ancienne université de Russie, l’université Lomonosov de Moscou, ont signé une pétition contre la guerre. Les étudiants veulent se voir comme faisant partie d’un monde démocratique libre, dont ils pourraient être privés en raison de la politique isolationniste du président. Les autorités affirment que la Russie possède les ressources nécessaires à la vie et des armes atomiques qui les protégeront, même en cas de séparation, du reste du monde. Plus d’un million 220 mille Russes ont signé la pétition “NON A LA GUERRE”. Des petits rassemblements “CONTRE LES ARMES NUCLÉAIRES” et “CONTRE LA GUERRE SANGLANTE” sont organisés quotidiennement à Saint-Pétersbourg et dans d’autres villes russes. Dans le même temps, les employés de l’Institut de l’énergie atomique portant le nom de Kurchatov à Moscou “ont pleinement soutenu la décision du président de la Fédération de Russie de mener une opération militaire spéciale” sur le territoire de l’Ukraine. Et ce n’est pas le seul exemple de soutien à l’agression. Mes collègues du mouvement pour l’environnement et la paix et moi-même sommes convaincus que notre avenir a été détruit en Russie et en Ukraine.

La paix avec la Russie est-elle un sujet de discussion en Ukraine en ce moment ?

Yurii Sheliazhenko: Oui, c’est une question qui se pose, cela ne fait de doute. Le président Zelenskyy a été élu en 2019 grâce à ses promesses d’arrêter la guerre et de négocier la paix, mais il n’a pas tenu ces promesses et a commencé à réprimer les médias et l’opposition pro-russes en Ukraine, mobilisant toute la population pour la guerre avec la Russie. Cela a coïncidé avec l’intensification de l’aide militaire et des exercices nucléaires de l’OTAN. Poutine a lancé ses propres exercices nucléaires et a demandé à l’Occident des garanties de sécurité, en premier lieu le non-alignement de l’Ukraine. Au lieu de donner de telles garanties, l’Occident a soutenu l’opération militaire ukrainienne dans le Donbass, où les violations du cessez-le-feu ont atteint des sommets et où, dans les jours qui ont précédé l’invasion russe, des civils ont été tués et blessés presque tous les jours des deux côtés, dans les zones contrôlées ou non par le gouvernement.

Quelle est l’ampleur de la résistance contre la paix et les actions non-violentes dans votre pays ?

Oleg Bodrov: En Russie, tous les médias démocratiques indépendants ont été fermés et ont cessé de fonctionner. La propagande de la guerre se fait sur toutes les chaînes de la télévision d’État. Facebook et Instagram sont bloqués. Immédiatement après le début de la guerre, de nouvelles lois ont été adoptées contre les fake news et “contre le fait de discréditer les forces armées russes qui mènent une opération spéciale en Ukraine.” Sont considérées comme fake news toutes les opinions exprimées publiquement qui contredisent ce qui est dit dans les médias officiels. Les sanctions prévues vont d’une forte amende de plusieurs dizaines de milliers de roubles à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans. Le président a annoncé une lutte contre les “traîtres à la nation” qui entravent la mise en œuvre de ses projets ukrainiens. Le ministère de la Justice de la Fédération de Russie continue d’attribuer le statut d'”agent étranger” aux organisations de défense de l’environnement et des droits de l’homme qui coopèrent avec des partenaires d’autres pays. La peur de la répression devient un facteur important de la vie en Russie.

À quoi ressemble la démocratie en Ukraine ? Y a-t-il des parallèles ?

Yurii Sheliazhenko:  Le 24 février 2022, Poutine a commencé son offensive brutale et illégale visant, comme il le dit, à dénazifier et démilitariser l’Ukraine. le résultat, c’est que la Russie et l’Ukraine se militarisent de plus en plus et ressemblent de plus en plus au nazisme, et personne n’est prêt à changer cela. Les autocrates populistes au pouvoir et leurs équipes dans les deux pays profitent de la guerre, leur pouvoir se renforce et les opportunités de gains personnels sont nombreuses. Les faucons russes profitent de l’isolement international de la Russie, car cela signifie une mobilisation militaire et toutes les ressources publiques sont désormais entre leurs mains. En Occident, le complexe de production militaire a corrompu le gouvernement et la société civile, les marchands de mort ont beaucoup profité de l’aide militaire à l’Ukraine : Thales (fournisseur des missiles Javelin à l’Ukraine), Raytheon (fournisseur des missiles Stinger) et Lockheed Martin (distribution des jets) ont connu d’énormes augmentations de leurs profits et de leur valeur boursière.  Et ils veulent obtenir davantage de profits en tuant et en détruisant.

Qu’attendez-vous des mouvements pacifistes dans le monde et de toutes les personnes qui aiment la paix ?

Oleg Bodrov: Il est nécessaire que les participants au “Mouvement pour la paix” s’unissent aux écologistes, aux militants des droits de l’homme, aux organisations anti-guerre, anti-nucléaires et autres organisations pacifistes. Les conflits devraient être résolus par des négociations, pas par la guerre. La PAIX est bonne pour nous tous !

Que peut faire un pacifiste pour la paix lorsque son pays est attaqué ?

Yurii Sheliazhenko: Eh bien, tout d’abord, un pacifiste doit rester un pacifiste, continuer à répondre à la violence par des pensées et des actions non violentes. Vous devriez utiliser tous les efforts pour rechercher et soutenir des solutions pacifiques, résister à l’escalade, en prenant soin de la sécurité des autres et de vous-même. Chers amis, merci de vous préoccuper de la situation en Ukraine. Construisons ensemble un monde meilleur, sans armées ni frontières, pour la paix et le bonheur communs de l’humanité.

L’interview a été réalisée (par voie électronique) par Reiner Braun, directeur exécutif du Bureau International de la Paix (IPB).

Can you shortly introduce yourself?

Oleg Bodrov: I am Oleg Bodrov, physicist, ecologist and Chairman of the Public Council of the Southern Shore of the Gulf of Finland, St. Petersburg. Environmental protection, nuclear safety and the promotion of peace have been the main directions of my work for the last 40 years. Today, I feel like a part of Ukraine: my wife is half Ukrainian; her father is from Mariupol. My friends and colleagues are ecologists from Kiev, Kharkiv, Dnipro, Konotop, Lviv. I am a climber, on the ascents I was connected by a safety rope with Anna P. from Kharkov. My father, a participant in the Second World War, was wounded in January 1945 and was treated in a hospital in Dnepropetrovsk.

Yurii Sheliazhenko: My name is Yurii Sheliazhenko, I am a peace researcher, educator and activist from Ukraine. My fields of expertise are conflict management, legal and political theory and history. Furthermore, I am executive secretary of the Ukrainian Pacifist Movement and member of the Board of the European Bureau for Conscientious Objection (EBCO) as well as World BEYOND War (WBW).

Can you please describe how you see the actual situation?

O.B.: The decision on the military operation against Ukraine was made by the President of Russia. At the same time, Russian citizens, judging by independent media reports, believed that war with Ukraine was impossible in principle!

Why did this happen? For the past eight years, anti-Ukrainian propaganda has been broadcast daily on all state channels of Russian television. They talked about the weakness and unpopularity of the presidents of Ukraine, the nationalists blocking rapprochement with Russia, Ukraine’s desire to join the EU and NATO. Ukraine is considered by the President of Russia as a territory historically part of the Russian Empire. The invasion of Ukraine, in addition to the death of thousands of people, has increased global negative risks. Military operations are conducted on the territory with nuclear power plants. The accidental hit of shells into nuclear power plants is more dangerous than the use of atomic weapons.

Y.S.: Illegal invasion of Russia to Ukraine is part of a long history of relations and hostilities between both nations, and also it is part of longstanding global conflict between the West and East. To understand it fully, we should remember colonialism, imperialism, cold war, “neoliberal” hegemony and the rise of wannabe illiberal hegemons.

Talking about Russia versus Ukraine, the crucial thing to understand about this obscene fight between archaic imperialist power and archaic nationalist regime is the outdated character of both political and militarist cultures: both have conscription and a system of military patriotic upbringing instead of civic education. That’s why war mongers on both sides call each other Nazis. Mentally, they still live in the world of USSR’s “Great Patriotic War” or “Ukrainian liberation movement” and believe that people should unite around their supreme commander to crush their existential enemy, these Hitler-ites or no-better Stalinists, in role of which they surprisingly see a neighbour people.

Are there any particularities in this dispute about which the Western public is not or not very well informed?

Y.S.: Yes, certainly. Ukrainian diaspora in America increased significantly after two world wars. U.S. and other Western intelligences during the cold war recruited agents in this diaspora to use nationalist sentiments for inciting separatism in USSR, and some ethnic Ukrainians became rich or made careers in U.S. and Canadian politics and army, in that way powerful Ukrainian lobby emerged with ties to Ukraine and interventionist ambitions. When the USSR fell and Ukraine gained independence, the Western diaspora actively participated in nation-building.

Are there activities against the war in Russia and if so, what do they look like?

O.B.: Anti-war actions were held in St. Petersburg, Moscow, and dozens of major Russian cities. Many thousands of people simply took to the streets to express their disagreement. The most popular category of participants is young people. More than 7,500 students, staff and graduates of Russia’s oldest Lomonosov Moscow University have signed a petition against the war. Students want to see themselves as part of a free democratic world, which they may be deprived of because of the isolationist policies of the president. The authorities claim that Russia has the resources necessary for life and atomic weapons that will protect them, even in conditions of separation, from the rest of the world. More than 1 million 220 thousand Russians signed the petition “NO TO WAR”. Single pickets “AGAINST NUCLEAR WEAPONS” and “AGAINST BLOODY WAR” are held daily in St. Petersburg and other Russian cities. At the same time, employees of the Institute of Atomic Energy named after Kurchatov in Moscow “fully supported the decision of the President of the Russian Federation to conduct a special military operation” on the territory of Ukraine. And this is not the only example of support for aggression. I and my colleagues in the environmental and peace movement are convinced that our future has been broken in Russia and Ukraine.

Is peace with Russia an issue in Ukraine right now?

Y.S.: Yes, this is an issue without any doubts. President Zelenskyy was elected in 2019 because of his promises to stop the war and negotiate peace, but he broke these promises and started to repress pro-Russian media and opposition in Ukraine, mobilizing the whole population to war with Russia. This coincided with NATO’s intensified military aid and nuclear drills. Putin launched his own nuclear drills and asked the West for security guarantees, first of all non-alignment of Ukraine. Instead of giving such guarantees, the West supported Ukraine’s military operation in Donbass where violations of ceasefire peaked and in the days prior to the Russian invasion civilians were killed and wounded almost every day on both sides, on government-controlled and non-government-controlled areas.

How big is the resistance against peace and nonviolent actions in your country?

O.B.: In Russia, all independent democratic media have been closed and ceased to operate. Propaganda of the war is being carried out on all channels of state television. Facebook and Instagram are blocked. Immediately after the start of the war, new laws were adopted against fakes and “against discrediting the Russian armed forces conducting a special operation in Ukraine.” Fakes are any publicly expressed opinions that contradict what is said in the official media. Penalties are provided from a large fine of several tens of thousands of rubles, to imprisonment for up to 15 years. The President announced a fight against “national traitors” who hinder the implementation of his Ukrainian plans. The Ministry of Justice of the Russian Federation continues to assign the status of “foreign agent” to environmental and human rights organizations cooperating with partners from other countries. Fear of repression is becoming an important factor of life in Russia.

How does democracy look like in Ukraine? Are they any parallels?

Y.S.:  On February 24, 2022 Putin started his brutal and illegal offensive aimed, as he says, at denazification and demilitarization of Ukraine. In result, both Russia and Ukraine seem to become more militarized and more and more resemble Nazis, and nobody is willing to change it. Ruling populist autocrats and their teams in both countries profit from war, their power strengthens and there are many opportunities for personal gain. Russian hawks benefit from international isolation of Russia since it means military mobilization and all public resources are now in their hands. In the West, the military production complex corrupted government and civil society, merchants of death profited a lot from military aid to Ukraine: Thales (supplier of Javelin missiles to Ukraine), Raytheon (supplier of Stinger missiles) and Lockheed Martin (distribution of jets) have experienced enormous increases in profit and stock market value.  And they want to gain more profits from killing and destruction.

What do you expect from the peace movements in the world and all peace loving people?

O.B.: It is necessary for the participants of the “Movement for Peace” to unite with environmentalists, human rights activists, anti-war, anti-nuclear and other peace-loving organizations. Conflicts should be resolved through negotiations, not war. PEACE is good for all of us!

What can a pacifist do for peace when his country is attacked?

Y.S.: Well, first of all a pacifist should remain a pacifist, continue to respond to violence with nonviolent thinking and actions. You should use all efforts to seek and support peaceful solutions, resist escalation, taking care about the safety of others and yourself. Dear friends, thank you for caring about the situation in Ukraine. Let’s build together a better world without armies and borders for the common peace and happiness of humankind.

The interview was conducted by Reiner Braun (by electronic means).

On March 14, the IPB Africa working group hosted a panel discussion on what the projected impacts of the war in Ukraine will mean for African livelihoods. The three person panel consisted of Reiner Braun, Joseph Gerson and Baroness Dayon Ako-Adounvo. To view the full biographies of the panelists and the original concept note, please visit the archived event page.

The speech by Baroness was exceptionally enlightening and as such can be viewed below. The full recording of the speech can also be viewed below the speech.

RUSSIA INVADES UKRAINE WAR IN EUROPE AND WHAT COULD THIS MEAN FOR AFRICA – by Baroness Dayon Ako-Adounvo.

Russia’s invasion of Ukraine’s Donbass region, which transformed into a war on February 24^th, has resulted in global economic and security concerns with severe consequences on the African continent.

In this regard, there are economic opportunities for some oil-exporting countries in the region, especially in terms of natural gas and raw material exports with the sanctions implemented by the United States and European countries against Russia. On the other hand, countries whose industries and agriculture are heavily dependent on oil exports have the potential to enter an economic bottleneck because of the increase in oil and natural gas prices. The same is true for grain trade. The fact that Russia and Ukraine provide 25% of the world’s grain supply may indirectly lead the African continent, as one of its largest customers, into food insecurity.

Russia and Ukraine have major ties with Africa in: 

▪︎ Defense & Security

▪︎ Energy 

▪︎ Agriculture 

▪︎ Education

Energy

Experts warned sternly as Russian missiles hit Ukraine that the impact of the war will reverberate across the continent of Africa.  Over the past weeks, fuel prices in Ghana and other African countries have drastically increased. As of March 7th 2022, the price of gasoline in Ghana was 8.62 Ghanaian cedis (GHS) per liter, a 25 percent increase since January 3^rd. Economists have cautioned that the war in Ukraine could further push oil prices up and increase inflation in Africa. 

Professor Abdul-Ganiyu Garba of the department of Economics – Ahmadu Bello University in Zaria said “the last time we had a windfall from oil prices related to war was in 1991, during the Gulf War. There is no doubt that this crisis will directly impact the price of crude oil. Africa, like most continents, will need to prepare for higher inflation as the increase in crude oil prices will increase inflation globally and lead to expensive imports. Most African countries have not recovered from the economic impact of the global COVID-19 pandemic, which resulted in the rise of commodity prices due to the disrupted global supply chain. It has been extremely difficult and unbearable for most people living in Africa and in the world at large.

With the outbreak of the Russia-Ukraine war, the U.S. and European countries imposed various sanctions against Russia, a country that supplies 40% of the European Union’s natural gas. Countries in the Middle East and Africa are emerging as strong alternatives for Europe as it attempts to diversify its natural gas supply and cut its dependency on Russia. At this point, among African countries, Algeria is a suitable alternative in terms of both its geopolitical position and its large reserves. Additionally, countries like Senegal (where 40 trillion cubic feet of Natural Gas was discovered between  2014 – 2017 with production expected to start later this year), Nigeria (an existing supplier Liquified Natural Gas (LNG) to several European countries) and Tanzania seem to be at an advantage with their natural gas capacity. In this sense, Nigeria, Niger and Algeria, which are on the Trans-Saharan Gas Pipeline route, cooperated in order to increase their natural gas exports to European markets and signed an agreement on Feb. 16. The deal includes a cost of $13 billion to renew the pipelines. Apart from this line, a total of 50 billion cubic meters (bcm) of Algerian natural gas is transported to Europe via the Maghreb-Europe Gas Pipeline and Trans-Mediterranean Natural Gas Pipeline. However, the increase in natural gas and oil prices may result in additional cost for oil-importing African countries that depend on oil and natural gas in agricultural and industrial production.

Agriculture

The Russia-Ukraine War may negatively affect Africa in terms of agricultural production and food security, as both countries are important grain exporters to Africa. African countries imported about $4billion agricultural products from Russia, of which wheat accounted for 90% of these imports. Ukraine exported $2.9 billion worth of agricultural products to Africa in 2020, with wheat representing 48% of the products, and corn at 31%. Furthermore, these two countries have a total share of 26% (Russia 18%, Ukraine 8%) in world wheat exports. While Egypt ranks first in wheat imports, countries such as Libya, Sudan, Nigeria, Tanzania, Algeria, Kenya and South Africa also import wheat from Russia and Ukraine to a large extent. Currently, with the Russian intervention in Ukraine, corn prices have increased by 21%, wheat by 35% and soybeans by 20%, respectively. Nonetheless, in the Sahel region and West Africa alone, 26 million people do not have access to enough food. Therefore, the prolongation of the war and the disruption of agricultural trade can cause prices to rise significantly. The increase in bread prices, especially in Kenya and Sudan, has led to anti-government protests. Undoubtedly, this situation brings food security concerns to the forefront for Africa, which has experienced many food crises in the past.

Defense & Security

The Russian mercenary Wagner Group operates in the Central African Republic, Libya, Mozambique and Mali. Apart from this, Russia has strong trade relations with African economies such as South Africa, Egypt, Nigeria and Sudan. In this context, Russia’s military and economic connections have limited member countries of the African Union from acting in unison against the Russia-Ukraine war. The union’s own legislation emphasizes the inviolability of borders and territorial integrity.

Education

Over 16000 African students studying in Ukraine and Russia were stranded as a result of the war. African countries have evacuated some of these students, many of them remain trapped with limited food, water, and no safe shelter. This has been heartbreaking for families.

Conclusion

The Russia-Ukraine war, which broke out after Russia’s one-sided intervention, is geographically far from the region but still closely concerns the African continent. Many different issues such as food security, agricultural production and the inclusion of countries with natural gas reserves into the geopolitical equation due to the sanctions on Russia, are directly related to Africa. In this context, prolonging the war and continuing to sanction Russia will increase the prices of agricultural products and raw materials, which could expose the African continent to a food security crisis.

By loading the video, you agree to YouTube’s privacy policy.
Learn more

Load video

Always unblock YouTube

Appeal against the Ukraine war and for demonstrations for peace and disarmament.

Continue reading “Lay down your arms! Peace logic instead of war logic!”

Political leaders should commit to nonviolent global governance, demilitarization and peaceful resolution of conflicts.

Continue reading “A Proposed Solution to the Ukraine War – Consortium News”